Merci, Yvon!
Notre ami Yvon participe d'ores et déjà à l'hommage à Xavier Grall:
04 décembre 2010
La Sône des Pluies et des tombes.
Xavier Grall
Note 5 / 5
Mémoire personnelle, mémoires collectives.
Pour
ceux qui lisent les commentaires laissés de droite et de gauche sur ce
blog, ont eu un jour la surprise de trouver des formules de salutation
en islandais! Ces messages sont signés « Olöf »,
dont on aura deviné qu'elle est islandaise. Si j'en parle aujourd'hui
,c'est pour signaler la sortie d'un article la concernant écrit par
Bernard Le Nail.
Cette dame ayant eu le bon goût de traduire mon poète et écrivain breton, Xavier Grall.
Cela m'a donné envie de relire ce recueil de poésie (en français bien sûr!) et de remettre ma chronique au goût du jour.
Que
dire que ce petit livre qui "trône" depuis 30 ans dans ma bibliothèque ?
Qu’il m’est indispensable, et qu’il m’inspire, c’est évident, mais
c’est surtout un compagnon de route comme certains disques de Neil
Young. Il m’a suivi dans toutes mes divagations, tous mes déménagements,
puis dans ma quiétude actuelle. Je l’ai lu et relu, toujours avec la
même émotion. Entre « La fête de nuit » et « Sur la route » de Jack
Kerouac.
" Pas de préface à ma Sône,
Mes amis, attendez que je sois mort
Car je moissonne encore
Dans mon pays
Par les jours et par les nuits. "
X.G.
Hélas, Grall est décédé depuis, victime de certains de ces excès qu’il décrit si bien.
« Plaisirs maudits qui me crucifient
c'est fini, je m'en vais aux marais »
Toutes
les étapes de ma vie sont là, regret et nostalgie dans "Allez dire à la
ville " fêtes païennes et alcool. "Incandescences", rythmés comme un
texte du Barzaz Breiz, le feu de la vie à la mort.
Hommage à Kerouac dans "Kerouac song ":
Kerouac est mort. Il y aura demain sur sa sépulture des goélands venus du Finistère. La gwerz dans le bec.
Que dire de ce superbe texte « Amour Kerné » et de sa version musicale par Dan Ar Braz?
Le
respect de la famille dans "Tu lis ton ascendance ", présence de la
mort qui rode dans « Qui, entre mes épaules ?» mais aussi une grande
lucidité dans ces paroles :
« Qui, dans ces poumons gâtés
a fait germer les poisons des fatals tabacs
et les venins des drogues ignobles »
L'Ankou encore dans « Tristan :
« ... j'ai perdu ma vie, j'ai crevé mon cheval
follement j'ai brûlé ma vie comme une lampe »
Le regret de la fin d’un mode de vie dans le poème qui est mon préféré :
"Plainte de Yann Vari Perrot "
Mon idéal est mort en Herminie
les fils d'Arzur ont bradé la demeure
les horloges vendues ne battent plus les heures
des antiques fééries
Il ne reste plus rien
de tout ce que j'aimais
Les vivants ne m'écoutent pas
et je ne les entends plus.
Un texte militant, « Nous te ferons Bretagne » :
Nous te ferons, Bretagne
Avec des mots drus comme les grêles
Avec des mots tranchants comme des faux.
Les
valeurs perdues du vieux pays dans "Pluies" ou "Marins" ; visite à ces
chapelles bretonnes, chef-d’œuvre anonyme dans "Notre Dame de
Korreguer":
« Ainsi meurent les cultes
Sous les fourches du temps
et des saisons meurtrières »
Quelques
hommages à Armand Robin et à l’Irlande complètent ce recueil. Il y a un
peu de provocation dans "Kerdruc september", complainte du touriste à
Pont-Aven sous la pluie et devant la télévision.
Un dernier poème avant de refermer ce livre : « J'aimerais partir... »
Vieux livres, anciennes lectures, vous pouvez reprendre votre place pour quelque temps, mais un jour je reviendrais vers vous.
Je n'imaginais pas voir les poèmes de Xavier Grall traduits en islandais, mais j'en suis très content.
Merci Olöf de m'avoir donné un prétexte pour reprendre ce livre!
Chronique datant du 09 septembre 2008 sur mon autre blog, ici.